Le CREA (Centre de Recherches et d'Etudes des Avocats), qui a engagé une réflexion sur l'attractivité de la profession, a présenté la problématique et la méthodologie envisagée devant l'assemblée générale du CNB. Face aux mutations contemporaines auxquelles est confrontée la profession d'avocat, le CREA a décidé de travailler en partenariat avec l'IERDJ sur la question de savoir ce qui donne envie de devenir avocat et de le rester.
Le rapport présenté par le CREA lors de l'assemblée générale du CNB s'interroge sur le comment faire pour que la profession demeure attractive tout en répondant encore à son objet. Des travaux menés en partenariat avec l'IERDJ, l'Institut des Etudes et de la Recherche sur le Droit et la Justice.
L'IERDJ
L'Institut des Etudes et de la Recherche sur le Droit et la Justice est né de la fusion de la MRDJ et de l'IHEDJ.
Le Conseil national des barreaux, qui était membre de ces deux instances préexistantes, est membre fondateur de l'IERDJ, qui rassemble le ministère de la Justice, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (par l'intermédiaire du CNRS), les quatre Cours faîtières (Cour de cassation, Conseil d'Etat, Conseil constitutionnel, Cour des comptes), l'ENM, ainsi que les autres professions du droit (CSN, CNCJ, AFJE, Ordre des avocats au Conseil, etc.).
L'IERDJ a pour mission de promouvoir une réflexion originale et prospective, de développer la recherche et de la soutenir, ainsi que de mobiliser et de diffuser les connaissances sur les normes, la régulation juridique, et le fonctionnement de la justice, dans tous les temps disciplinaires pertinents.
C'est dans ce cadre que le CREA a décidé de se rapprocher de l'IERDJ pour bénéficier de son expertise et définir ensemble les contours de l'étude à mener ainsi que la méthodologie à mettre en oeuvre.
Mutations contemporaines et attractivité
Il ressort de la littérature et des travaux existants, que certains axes méritent d'être repensés ou approfondis :
- Les nouveaux modèles d'organisation des cabinets : l'organisation du travail constitue un élément essentiel de l'attractivité de la profession ; toutefois, l'IERDJ, comme le CNB, ont souhaité sortir de la polarisation entre « cabinets individuels » et « cabinets d'affaires de grande taille ». La focalisation sur cette distinction ne permet pas de prendre conscience d'enjeux organisationnels propres à tous et simplifie à l'excès les divergences éventuelles. Comment les modèles d'organisation demeurent attractifs ?
- Les transformations du marché des services juridiques : le développement de la demande de conseil et des modes alternatifs de résolution des litiges incite l'avocat à s'éloigner d'une posture de sachant omniscient pour développer une mission d'accompagnement de la clientèle. Au-delà, ces transformations soulèvent trois types de questions : l'évolution nécessaire de la culture et de l'identité professionnelle des avocats, ce qui inclut la question de leur formation ; l'importance de concevoir des stratégies d'adaptation face au développement des outils numériques ; et le besoin d'appréhender un phénomène de polarisation croissante de la profession.
- L'image de l'avocat : la déontologie et la régulation de la profession peuvent apparaître comme des éléments importants contribuant à la qualité de l'image de l'avocat et de l'avocate. Une régulation efficace de la profession apparaît essentielle pour soigner la réputation de la profession et préserver la confiance des justiciables. La question de la tarification des services et de leur prévisibilité demeure impensée ou taboue, sans doute au détriment de la profession.
- Le rapport au travail : les perceptions des évolutions du rapport au travail doivent s'affranchir des opinions personnelles ou des préjugés pour s'appuyer sur les travaux en sociologie, ergonomie ou sciences de gestion. D'autant que les conditions de travail jouent un rôle évident pour attirer et fidéliser les membres de la profession, dans un contexte de féminisation progressive. L'importance donnée au sens du travail traduit plus globalement un renouvellement du rapport au travail. Enfin, il serait pertinent d'étudier les raisons de l'exit d'une profession pour saisir a contrario les ressorts de son attractivité.
Ces questions seront travaillées dans le cadre d'ateliers thématiques qui doivent permettre de mieux cerner ce qui donne envie de devenir avocat et de le rester.