A la suite des Etats généraux de la prospective et de l’innovation qui se sont tenus le 2 décembre dernier à la Cité de l’espace de Toulouse sur le thème de « L’avocat en 2050 : de la science-fiction à l’action », la Commission Prospective a présenté un rapport d’étape qui synthétise les riches échanges de cette journée.
Ce rapport retranscrit les travaux de cette journée, les débats sur les besoins et les possibles de la profession. Fruits de réflexions menées par des acteurs venant de mondes différents, avocat, magistrat, professeur de médecine, neuroscientifique, mathématicien, tous ont identifié les mêmes tendances sans s’être concertés :
- une transformation de la norme avec la fin du règne de la loi et l’avènement de nouvelles réglementations reposant sur le contrat, le soft law, les codes de conduites, dans lesquels les acteurs sur le marché (les entreprises) ne sont plus simplement des sujets de droit, mais des acteurs de la norme, participant non seulement à sa conception mais contribuant également à son application ;
- une justice transformée qui montre plusieurs tendances : d’une part, un recours choisi au juge et le développement corrélatif d’une justice négociée mais également une justice dotée de moyens numériques, d’autre part, la nécessité de repenser l’audience comme un rendez-vous judiciaire qui parachève tout le travail mené en amont entre les acteurs du procès ;
- un droit qui protège le droit des générations futures ce qui modifie la conception de la norme et du droit et confère à l’avocat un rôle de vigie ;
- un droit centré sur les comportements : grâce aux neurosciences, la mise en œuvre du droit se fera avec une meilleure connaissance du fonctionnement humain pour guider sa mise en œuvre (ex. incapacité, responsabilité civile et pénale), mais également pour éviter les risques de « biais » du magistrat lorsqu’il rend sa décision ;
- un droit quantifiable et améliorable qui étudie la jurisprudence comme un phénomène qu’il est possible de modéliser pour prédire et simuler les différentes décisions qu’un juge pourrait rendre dans un cas déterminé.
Tous ces échanges ont permis de mettre en évidence les conséquences pour la profession en termes de relations clients, de modèle économique et de structuration des cabinets, mais également de missions que l’avocat est amené à jouer. Il résulte de ces réflexions et échanges différentes pistes de réflexions qui sont envisagés pour préparer l’avenir de la profession :
- développer de nouvelles compétences dans les dix prochaines années, grâce à la construction d’un référentiel de compétences au bénéfice des avocats
- intégrer dans la formation initiale des sessions sur les systèmes d’informations et sur les métiers associés
- poursuivre les réflexions déjà en cours sur la création d’un fonds d’investissement de la profession destinée à financer l’innovation par la profession
- repenser l’honoraire des avocats
- réfléchir à l’utilisation des robots dans notre exercice
- cyber-sécuriser les cabinets d’avocats
- organiser et valoriser les données de la profession et des cabinets au bénéfice des avocats et envisager l’acquisition mutualisée des outils par les instances représentatives de la profession
- concevoir une stratégie pour attirer et conserver les talents
- lancer une réflexion sur les carrières circulaires et la mobilité professionnelle
- promouvoir l’avocat avec sa déontologie comme tiers de confiance