Le 14 et 29 août derniers, les personnels de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) étaient en grève pour exprimer leur indignation face aux coupes budgétaires annoncées par la direction qui entraineraient la suppression de quelques 500 postes contractuels à partir du 31 août 2024, dont les postes d'éducateurs, pourtant essentiel à l’accomplissement de leurs missions d’accompagnement des enfants en danger. Malgré de nouvelles annonces du ministère de la justice, se voulant rassurantes, le mouvement se poursuit et l’inquiétude demeure.
Depuis le 1er semestre 2024, la justice des enfants est affichée comme une des priorités du gouvernement avec notamment l’annonce de l’ancien garde des Sceaux du dégel de 3 millions d’euros. Rebondissement : ce sont finalement des restrictions d’ampleur qui sont avancées au des augmentations attendues pourtant indispensable à la bonne marche d’une justice des enfants mise à mal par des réformes successives d’ampleur et une dégradation progressive de la prise en charge des enfants et de leurs familles.
Déjà en octobre dernier, à l’issue du premier bilan de la Chancellerie sur la mise en œuvre du CJPM, les équipes de la PJJ exprimaient leurs difficultés croissantes à exercer leurs missions dans un contexte dégradé et partageaient leur sentiment de passer plus de temps en audiences dans les couloirs du tribunal au détriment de l’accompagnement des mineurs en conflit avec la loi.
Pourtant, une hausse des crédits dépensés en 2023 avaient permis « la création de 92 emplois pour renforcer la prise en charge des mineurs » et le projet annuel de performance présenté pour 2024 prévoyait une augmentation de +3% permettant plusieurs dizaines de recrutements supplémentaires justifiés par les diverses missions dévolues à la PJJ. Ce budget, jugé insuffisant au regard de l’état du secteur semblait cependant amortir l’augmentation avérée du nombre de mesures suivies dans l’année par la PJJ depuis la réforme.
Mais le décret du 21 février 2024, portant annulation de crédits et diminution de l’enveloppe budgétaire globale de la PJJ, a fait perdre tout espoir aux professionnels de voir arriver des renforts salutaires. Avec l’annonce des suppressions de postes de contractuels sans contre-partie de baisse d’activité, priorité a encore été donné au programme de construction des CEF, à la prime JO et à un contrôle strict des dépenses du secteur associatif habilité nécessaire à la continuité des activités de la PJJ.
Le rapport présenté permet de mieux comprendre la colère des personnels ballotés entre promesses et désillusions dans un contexte d’accroissements des taches et de dégradation des conditions de travail et surtout d’accompagnement et d’hébergement des mineurs concernés.
Alors que la justice des enfants, en souffrance dans tous les secteurs, nécessite un renforcement des moyens, la décision du ministère de la justice se répercute déjà non seulement sur la masse salariale de contractuels déjà non renouvelés en septembre, mais plus grave encore, sur le suivi en cours des enfants dont ils avaient la charge.
Dans l’attente des nouvelles promesses du gouvernement en octobre, le Conseil national des barreaux a ainsi voulu rappeler son attachement indéfectible à une justice pénale de qualité pour nos enfants et la mise en œuvre effective de réponses prioritairement éducatives au phénomène de délinquance, nécessitant ainsi un personnel qualifié et en nombre suffisant pour pouvoir mener à bien ces missions.