Lundi 26 juin dernier, une avocate du Barreau de Nice qui assure actuellement la défense de migrants, notamment des mineurs irrégulièrement refoulés à la frontière italienne et de ceux qui leur viennent en aide, a reçu, à son cabinet, un courrier anonyme, constitué de photographies d’archives de la période de l’occupation, détournées de leur origine et représentant :
- la pendaison d’une femme assortie de l’écriteau « j’ai accueilli un migrant »
- les phrases « Le vent tourne et tel(le) qui se croit dans son bon droit risque de connaître un réveil douloureux » et « où qu’ils soient, quoi qu’ils fassent, les traîtres seront châtiés » encadrées par la silhouette d’une potence
La défense de tous, et particulièrement des plus vulnérables, indépendamment de toutes considérations d’ordre politique, religieux, philosophique, social, constitue le devoir et l’honneur de tous les avocats.
Les principes de base relatifs au rôle du Barreau adoptés par le VIIIème congrès des Nations Unies fait obligation aux pouvoirs publics de veiller à ce que les avocats « puissent s’acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans entrave, intimidation, harcèlement ni ingérence indue… ne fassent pas l’objet ni ne soient menacés de poursuites ou de sanctions économiques ou autres pour toutes mesures prises conformément à leurs obligations et normes professionnelles reconnues et à leur déontologie. »
Le Conseil national des barreaux est inquiet du climat que révèle cet incident et assure de son soutien l’avocate ainsi attaquée.
Il demande aux autorités de rappeler publiquement la légitimité de l’action professionnelle des avocats et l’inconditionnalité de l’accès au conseil et à la défense.
Il demande au Ministère public d’ouvrir une enquête en vue d’identifier les auteurs de ces menaces.